Avenir énergétique  / Dessine-moi « L’Usine Hydroélectrique Valais »

Turbiner pour les générations futures

Durant plus d’une année, nous vous avons proposé des clés de compréhension du secteur des énergies renouvelables en Valais et en Suisse. Pour cerner ces enjeux et défis qui puisent à la fois dans l’histoire contemporaine, l’actualité immédiate et les scénarios politiques et économiques, la parole a été donnée à des élus et à des experts. Voici synthétisés les principaux éléments à retenir des onze épisodes.

Derrière la prise électrique, une formidable chaîne industrielle

Le lancement de la série «Dessine-moi L’Usine Hydroélectrique Valais» dans Le Nouvelliste a coïncidé avec le début de la crise énergétique actuelle. Les craintes liées à une pénurie d’électricité ont alimenté les débats. Il n’empêche. Des gestes anodins tels qu’allumer une lampe ou recharger son portable cachent l’entrée en action d’une formidable chaîne industrielle, de la prise d’eau à la prise électrique. Le président de l’Association valaisanne des distributeurs d’électricité (AVDEL), Philippe Délèze, rappelle que produire de façon plus décentralisée et consommer de manière plus durable génère des contraintes nouvelles sur nos réseaux. «Nous devons donc les adapter et les développer pour garantir l’approvisionnement des ménages et des entreprises».

Le rôle décisif des réseaux électriques

«Garantir la sécurité d’approvisionnement, c’est s’assurer qu’il y ait de l’électricité disponible pour satisfaire la demande, à tout moment, sans mettre en péril la stabilité du réseau», résume Stéphane Maret, président de Valgrid SA fondée en 2022. Un dysfonctionnement et c’est la panne de courant, tant redoutée. L’acheminement incombe aux opérateurs qui doivent intégrer la multiplication des sources d’énergies renouvelables intermittentes pour maintenir en permanence l’équilibre entre l’électricité injectée et celle soutirée. En unifiant la gestion du réseau de distribution à haute tension (65 kV), Valgrid contribue à cette mission sécuritaire. La création, via 14 partenaires, de cette nouvelle société qui pilote les routes cantonales de l’électricité est de très bon augure face aux défis communs du Valais hydroélectrique.

Fédérer le Valais hydroélectrique, clé de l’approvisionnement suisse

Dans le contexte de la crise énergétique particulièrement marquée en hiver, l’hydroélectricité valaisanne fait partie de la solution helvétique. Un pilier de 10 milliards de kilowattheures solidement implanté dans le canton et redéfini dans le cadre des retours de concessions qui ouvrent des perspectives intéressantes pour le Valais, la valorisation de son patrimoine et le potentiel de sa force hydraulique. Les Alpes productrices d’électricité et le Plateau suisse, grand consommateur, sont complémentaires dans une relation gagnant-gagnant au service d’une transition énergétique réussie. Défi principal: fédérer les différents acteurs valaisans et suisses pour donner naissance à l’Usine Hydroélectrique Valais. Selon Damien Métrailler, président de Forces Motrices Valaisannes (FMV) qui jouent ce rôle fédérateur, «en unissant leurs forces, les acteurs valaisans peuvent devenir les gestionnaires de nos aménagements au service de la Suisse.»

Les retours des concessions pour une stratégie gagnante

Au siècle passé, les communes valaisannes et le canton ont autorisé des sociétés à utiliser leurs eaux pour produire de l’électricité, sous la forme de concessions d’une durée de huitante ans. «L’ensemble de la loi de 1898 est d’une grande modernité. Les législateurs ont le souci de l’avenir et des générations futures», synthétise Jean-Henry Papilloud, président de la Société d’histoire du Valais romand. Aujourd’hui, ces concessions arrivent progressivement à échéance. La législation cantonale prévoit que les communes qui ont concédé les droits de turbiner leurs eaux deviendront propriétaires des aménagements hydroélectriques à l’échéance des concessions. Elles en céderont 30% au Canton qui les vendra à FMV. Elles pourront également en céder au maximum 40% à des partenaires hors canton et en conserveront 30%. Le vice-président de l’Association des communes concédantes, David Melly, détaille: «Nous nous alignons complètement sur la stratégie cantonale (…). Avec bien sûr un degré de liberté pour les communes qui voudraient détenir plus de parts dans leur aménagement. Ensuite chacune est libre de maintenir ses partenariats industriels ou d’en créer de nouveaux pour gérer son exploitation.» Dans l’intérêt bien compris des communes, du Valais et du pays.

L’eau et le soleil, ressources valaisannes au service de la Suisse

Aujourd’hui, la Suisse dépend à 70% de l’étranger pour son approvisionnement en énergie. Le Valais, grâce à ses ressources indigènes et renouvelables, est un acteur majeur de la sécurité d’approvisionnement de la Suisse et de la transition énergétique. Le couple eau/soleil en constitue le binôme gagnant. D’une part, avec le potentiel de stockage supplémentaire hivernal réparti sur les huit projets hydroélectriques retenus. D’autre part, grâce à un ensoleillement 15 à 20% supérieur à la moyenne nationale. Ainsi, le Valais peut contribuer à la production photovoltaïque du pays, notamment en altitude. Car «multiplier les infrastructures solaires en plaine, sur les toits, ne suffira pas en hiver», prévient Beat Rieder, conseiller aux Etats valaisan, à l’origine du Solar express fédéral. La Suisse et le Valais doivent donc optimiser et renforcer la production d’une électricité stockable et flexible, pompage-turbinage inclus, avec le binôme gagnant eau/soleil constitutif de la batterie alpine.

Quand les centrales travailleront ensemble pour le pays

Le patrimoine hydroélectrique valaisan s’est construit progressivement, au gré des besoins et des progrès techniques. Aujourd’hui, les retours des concessions au terme desquels le Valais détiendra au minimum 60% de chacun de ces aménagements constituent une opportunité historique à l’avantage du Valais et de la Suisse. Et si les quarante-sept centrales valaisannes étaient envisagées comme une seule et même usine, l’Usine Hydroélectrique Valais, qui serait pilotée en Valais et qui les ferait dialoguer pour les engager aux moments les plus opportuns en créant une plus-value considérable? «C’est une opportunité nouvelle de mutualiser les risques des collectivités de montagne et de créer de la valeur ajoutée dans tout le Valais et en Suisse. Et cela, avec nos partenaires», se réjouit Grégory Logean, président d’Hérémence, commune site du barrage de Grande-Dixence. Après l’épopée des grands barrages, le vaste récit à écrire de l’Usine Hydroélectrique Valais.

Quand les centrales vendront ensemble leur électricité

La conséquence naturelle de la mise en œuvre de l’Usine Hydroélectrique Valais qui permettra une gestion coordonnée de l’eau est une commercialisation commune de l’électricité. La création d’une plateforme ad hoc constitue la clé de voûte du dispositif appelé à générer de la valeur ajoutée en Valais. Avec un portefeuille de production très concurrentiel, une taille critique renforcée et une place logique accordée dans cette structure aux producteurs d’électricité, aux communes concédantes, aux acteurs valaisans dont FMV et externes, historiques ou nouveaux.

Une opportunité historique pour la précieuse ressource «eau»

A l’horizon 2050, les collectivités valaisannes détiendront la majorité de la force hydraulique du canton. Une occasion historique de mettre en place une gestion coordonnée et efficiente de l’eau, en fonction de ses nombreux usages, dans le contexte de dérèglement climatique. «Il est encore difficile d’évaluer l’impact de la future disparition du glacier du Wildhorn (…). En revanche, le barrage de Zeuzier constitue une réserve permanente d’eau potable», explique Christophe Beney, le président d’Ayent.  La stratégie cantonale «fixe le cadre, donne des impulsions et peut ponctuellement soutenir les acteurs de terrain, en premier lieu les communes», résume Franz Ruppen, le chef du Département de la mobilité, du territoire et de l’environnement. «Un grand défi est celui de réunir l’ensemble des connaissances disponibles.» Dans ce contexte, FMV, au service des collectivités valaisannes dans le processus des retours de concessions, constitue tout naturellement une sorte de boite à outil intelligente, également utile à la multifonctionnalité de l’eau. Pour Charlotte Salzmann-Briand, la présidente de Naters, «FMV joue déjà un rôle important en tant que centre de compétence en matière de retours des concessions et jouera un rôle encore plus important à l’avenir. Surtout que la collaboration fonctionne parfaitement.»

À lire aussi

Hydroélectricité

L’histoire du Valais hydroélectrique en cinq points

À venir
23/5/2023
Hydroélectricité

L’histoire du Valais hydroélectrique en cinq points

23/5/2023
Entreprise

Quand les centrales valaisannes vendront ensemble leur électricité

À venir
25/4/2023
Entreprise

Quand les centrales valaisannes vendront ensemble leur électricité

25/4/2023
Hydroélectricité

Quand 47 centrales valaisannes travailleront ensemble pour la Suisse

À venir
19/3/2023
Hydroélectricité

Quand 47 centrales valaisannes travailleront ensemble pour la Suisse

19/3/2023